"Pourquoi se contenter d'un pistolet à un seul coup quand on peut avoir un semi-automatique ?"
J'aime tellement cette citation qu'elle a fini dans mon journal.

Pour cette session d'octobre-novembre, les fabuleuses Cyrielle et Ninon nous ont proposé deux pièces de théâtre abordant des thématiques féministes. Celle que j'ai choisi de lire est une œuvre emblématique du féminisme de la fin du XXe siècle, maintes fois reprise dans le monde entier, et que pourtant je n'avais jamais pris le temps de lire, ni même d'aller voir sur scène.

Les Monologues du vagin est une pièce en plusieurs tableaux, pour une seule comédienne, écrite par l'autrice américaine Eve Ensler et basée sur des témoignages et des entrevues avec des femmes de tous âges et de toutes origines.

Ce texte très court n'en est pas moins percutant. De ses entretiens, Eve Ensler tire une poésie et une rythmique tirées au cordeau, tantôt attendrissante, tantôt drôle, tantôt déchirante et révoltante. Ses phrases ciselées décrivent le quotidien de ces femmes et de leurs vagins.

Vagin.
Le mot est dit. Et après quoi ?
Ce qui pourrait n'être qu'une partie de l'anatomie des personnes à chromosomes XX, ce qui est trop souvent caché et désigné avec un semi-dégoût par un mot ridicule ou grossier qui ne sert qu'à nier son essence.
Ce centre névralgique, ce nerf de la guerre.
Cet objet de déni, d'incompréhension, de souffrance, de honte, de douleur insupportable - et aussi, parfois, pas assez sans doute, de joie, de plaisir, d'amour.

Des femmes parlent de leur vagin et l'autrice les retranscrit avec des mots qui respirent l'authenticité. En les lisant et en les entendant, on comprend. On sympathise au sens littéral du terme. On se met à leur place, parce que parfois, on a vécu ce qu'elles ont vécu. Et ce qu'on n'a pas vécu, on s'imagine pouvoir le vivre et c'est : saisissant.

Ce court texte, lisez-le, que vous ayez un vagin ou pas. Lisez-le pour nous comprendre. Lisez-le pour savoir ce qui se passe, là, en bas. Lisez-le pour, peut-être, avoir un peu moins peur.

Le seul (immense) bémol à apporter à cette œuvre, c'est que dans le contexte du féminisme de l'époque où elle a été écrite, elle se focalise sur les femmes cisgenre. La pièce ne tient malheureusement pas du tout compte des personnes trans, sans doute par manque d'informations et par négligence. C'est vraiment dommage, et s'il existe quelque part une œuvre qui serve d'addendum aux Monologues du vagin pour porter les voix des personnes trans à ce sujet, je suis impatiente de la connaître et de la lire.

Et vous, vous l'avez lu ? Qu'en avez-vous pensé ?

[Une chambre à nous] Review: Les Monologues du vagin